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caroline

Caroline auroit bien désiré de graver quatre vers sur une des faces de l’autel, pour indiquer l’objet auquel il étoit consacré ; mais elle ne vouloit rien d’emprunt. Il falloit donc qu’elle les fit elle-même ; et comme on ne peut réunir tous les talens, elle n’avoit pas encore celui de la poésie. Elle essaya cependant. Lorsqu’on sent vivement, on croit qu’il n’y a rien de plus aisé que de s’exprimer. Les idées se présentoient en foule ; mais quatre vers n’en rendoient pas la moitié ; il falloit en sacrifier à la rime, à la mesure. Enfin, après avoir bien écrit, effacé, déchiré, recommencé, elle parvint à faire des vers qui pouvoient être entendus une fois avec plaisir, mais non pas gravés sur le marbre. D’abord elle en fut enchantée. Bientôt elle frémit de l’idée qu’ils seroient toujours là, que tout le monde les liroit. Renonçant donc à la gloire d’être poëte, elle fit écrire tout simplement en lettres d’or, au-dessous du