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de lichtfield.


Abandonnant celle qu’il a chérie,
Ainsi que lui, tout amant peut changer.
Vif emblême de l’inconstance,
Tu me dis qu’il faut n’aimer rien :
Oh ! ma paisible indifférence,
Loin d’être un mal, est donc un bien !

J’ai vu souvent, pour un berger volage,
J’ai vu gémir d’innocentes beautés ;
Elles fuyoient tous les jeux du village,
Pour des ingrats toujours trop regrettés.
Moi je ris, je chante et je danse ;
Tous les ingrats ne me font rien :
Ô ma paisible indifférence,
Vous êtes mon unique bien.

Ainsi chantoit cette jeune bergère.
Amour l’entend, Amour se vengera :
Il tient déjà dans sa main meurtrière
Le trait fatal dont il la percera.
Bientôt, jeune et sensible Hortense,
En formant un tendre lien,
En perdant ton indifférence,
Tu vas connoître le vrai bien.


Elle la chantoit un jour dans le pavillon, et cette fois-là c’étoit avec sa guitare. Elle répétoit avec expression : Ô ma paisible indifférence, vous êtes mon unique bien, lorsqu’elle entendit une autre voix aussi douce,