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caroline

et après avoir joué sur le piano-forte, quelques adagios qui ne firent qu’augmenter sa tristesse, elle essaya le dessin, qui ne lui réussit pas mieux, et la lecture encore moins. Trois ou quatre livres qu’elle ouvrit lui parurent ennuyeux, mal écrits, quoiqu’elle en lût à peine une phrase ; enfin, tout lui déplaisoit ce jour-là. Elle laissa tout, revint au jardin, et fit exactement le même tour qu’elle venoit de faire avec l’inconnu, s’arrêtant aux mêmes endroits, et se rappelant jusqu’à la moindre de ses expressions.

Il fallut ensuite décider en elle-même la grande question de savoir si elle en parleroit ou non à sa bonne maman. Elle souffroit de lui faire encore ce mystère ; mais il étoit bien moins essentiel que celui qu’on exigeoit d’elle. L’habitude de cacher un tel secret avoit dû nécessairement la rendre moins confiante. « D’ailleurs, pourquoi le lui dire ? À quel propos lui parler d’un homme