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caroline

pensa qu’à lui ; elle ne vit que lui ; et les brillantes couleurs de l’aurore, et les rayons du soleil, et le réveil de la nature : tout fut perdu pour elle.

Dès qu’elle put sortir, elle courut au pavillon. Il étoit essentiel que Lindorf reçût sa lettre avant d’arriver à Rindaw ; et Caroline ne doutoit pas qu’il n’y vînt aussitôt qu’il lui seroit possible. Elle s’achemina donc tristement. Mais que devint-elle lorsqu’en entrant dans le pavillon, dont la porte étoit ouverte, elle vit ou crut voir Lindorf lui-même, assis dans le fond, pâle, abattu, les cheveux en désordre, et qui, la tête appuyée sur une main, paroissoit plongé dans une profonde rêverie ! Je dis qu’elle crut le voir, parce qu’elle eut un instant l’idée que c’étoit une illusion de son imagination égarée et trop occupée de lui. Elle fit un cri perçant ; mais elle ne put douter que ce ne fût bien lui-même, lorsqu’à ce cri elle le voit s’élancer de sa place, courir à elle, tomber à ses pieds, et lui dire