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caroline

moment de désespoir de ne pouvoir être à lui. Elle ne la relut point, la cacheta tout de suite, ainsi que celle pour son père, et fit partir l’une pour Belin, et l’autre pour Pétersbourg.[1] Elle se sentit un peu soulagée. Son secret lui pesa moins dès qu’elle pensa qu’elle auroit dans quelques jours la liberté de l’avouer ; et l’idée qu’elle ne seroit point obligée de revoir le comte, lui fit supporter avec moins de peine celle de ne plus revoir Lindorf. C’est trop d’avoir le double tourment de renoncer à ce qu’on aime, et la crainte de vivre avec ce que l’on hait.

Persuadée que sa fermeté la dispenseroit de ce dernier malheur, elle se sentit la force de soutenir l’autre. Je ne le verrai plus, dit-elle ; mais au moins je ne verrai personne, et je

  1. Cette lettre ne trouva plus le comte à Pétersbourg ; il étoit en route pour revenir à Berlin. On la lui renvoya, et l’on verra dans la suite à quelle époque il la reçut.