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caroline

vue aussi criminel, que je fus absolument atterré ; je n’eus pas la force de répondre un mot. Le comte, qui m’observoit, voyant ce qui se passoit dans mon âme, prit ma main, et la serrant dans les siennes : Je vois, me dit-il, que ce que je vous dis fait impression sur vous, et que la vertu va reprendre son empire. Venez, mon ami ; allons demander à votre père la permission de faire un petit voyage ; nous partirons dès demain. — Demain ! m’écriai-je avec transport ; partir demain ! m’éloigner d’elle ! ne pas la revoir ! ignorer si je suis aimé, si je la retrouverai ! Non, Walstein, non ; ne l’espérez pas ; je ne le puis, je ne le puis ; ce seroit m’ôter la vie. Alors appuyant ma tête contre un arbre, et versant quelques larmes brûlantes, j’ajoutai : Oui, sans doute, vos discours m’ont frappé ; et j’en ai senti toute la force. Que n’avois-je un ami comme vous dans les commencemens de cette fatale passion ! À présent il est trop tard. C’est un feu