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caroline

est un si digne homme, que tous nos jeunes gens voudroient servir sous lui.

» Cet éloge naïf me fit rougir de nouveau de mes doutes. Tranquille, et sur le comte, et sur ce Justin, je ne pensai plus qu’au projet d’enlever Louise, et de me l’attacher pour jamais. Cette idée fermentoit dans ma tête et dans mon cœur. À vingt ans, enflammé par une passion aussi ardente, on n’imagine aucun obstacle à ce qu’on désire. Secondé par Fritz, tout me paroissoit possible, et je l’attendis avec impatience pour nous concerter ensemble ; mais il ne paroissoit point, et le comte revint.

» Tout occupé de mon dessein, gêné par sa présence, il me trouva l’air fort extraordinaire, et me le dit tout naturellement. Je vis qu’il cherchoit à me sonder. Ne voulant pas trop le compromettre, je ne m’ouvris qu’à demi, mais j’en dis assez pour lui faire comprendre que je persistois dans mes projets de la veille. L’après-dîner il me