Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
235
de lichtfield.

haie qui nous séparoit, et peut-être immoler deux victimes à ma rage. Je ne me connoissois plus. Je me serois sans doute ôté la vie, si je n’avois vu le comte sortir de la ferme avec la tranquillité de l’innocence et de la vertu, que je pris pour celle de l’amour satisfait ; et courant à lui mes deux pistolets à la main : Défends-toi, traître, m’écriai-je en lui en appuyant un sur la poitrine, et lui présentant l’autre ; ôte-moi une vie que tu m’as rendue odieuse, ou laisse-moi délivrer la terre d’un monstre de perfidie… Il voulut m’arrêter le bras, me parler. Je n’écoute rien, lui dis-je. Convaincu par mes propres yeux… Défends-toi, ou je suis capable de tout.

» En disant cela, je portai la bouche d’un de mes pistolets sur mon front : plus heureux sans doute, si le coup étoit parti ! Mais le comte le prévint, et se saisissant du pistolet : Vous le voulez ? dit-il ; il recule quelques pas, et tire son coup en l’air ; le mien part en