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caroline

lui ses beaux yeux brillans d’amour et de joie. Je ne sais comment je n’expirai pas ; mais je crus toucher à mon dernier moment. Un froid mortel glaçoit mes veines ; mes forces m’abandonnèrent, et je fus contraint de m’appuyer contre un arbre.

» La fureur me ranima bientôt ; je jetai les yeux sur ce fatal jardin. Les deux amans (car je ne doutai plus de leur intelligence) se parloient avec feu ; le visage du comte rayonnoit de plaisir ; jamais je ne l’avois vu aussi animé. Je ne pouvois les entendre ; mais il paroissoit par ses gestes qu’il demandoit avec ardeur quelque chose que Louise refusoit foiblement.

» Enfin le comte tire une bourse qui me parut pleine d’or, et la présente à Louise. Elle baisse les yeux ; hésite encore un moment : enfin elle la prend d’un air moitié confus, moitié attendri. Le comte l’embrasse ; et tous les deux ensemble rentrent dans la maison, au moment où j’allois sauter par-dessus la