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Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/38

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caroline

glace, rajuste un peu sa coiffure, passe son grand cordon en écharpe pour recevoir son ancien amant avec toute la majesté convenable, et l’attend avec la tendre émotion qu’il lui inspiroit toujours.

L’histoire de la baronne avoit un peu prévenu la jeune Caroline contre son père. Elle courut moins vite et avec moins de joie qu’à l’ordinaire au devant de lui ; mais les tendres caresses du chambellan lui firent bientôt oublier ses torts passés. Elle y fut d’autant plus sensible, qu’elle n’y étoit pas accoutumée.

Froid, égoïste, courtisan enfin s’il en fut jamais, il connoissoit peu les doux sentimens de la nature. Séparé de sa fille dès sa naissance, ne la voyant qu’une ou deux fois par an, il la connoissoit à peine, et l’aimoit plutôt comme l’héritière de ses biens et de ceux de la chanoinesse, que comme la plus aimable des jeunes filles.

Il faut rendre justice à cette bonne chanoinesse ; cet héritage qu’elle desti-