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Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/54

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caroline

gement qu’elle a pris, sur le changement prochain de son sort. À vingt ans, il y auroit là de quoi rêver au moins toute la matinée ; mais à quinze, on ne peut s’occuper si long-temps du même objet. Cependant Caroline resta bien dix minutes immobile à la place où son père l’avoit laissée ; et c’étoit beaucoup pour elle. Enfin, voyant qu’à force d’avoir à penser, elle ne pensoit à rien, et que ses idées s’embrouilloient dans sa tête, elle se leva brusquement, et courut à son piano-forte, où, pendant une demi-heure, elle joua des contre-danses et des walses. Il lui vint tout à coup à l’esprit, en les jouant, que le comte les répéteroit avec elle, et qu’il seroit assez doux d’avoir toujours un danseur à ses ordres… Un danseur !… son excellence ! Eh ! oui, sans doute, un danseur. On sait que le baron avoit eu soin de prévenir sa fille que, malgré son rang et ses dignités, M. l’ambassadeur n’avoit tout au plus que trente ans, et cette circonstance lui plaisoit peut-être tout