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Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/59

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de lichtfield.

elle se fût donné le temps de l’examiner, auroit-elle trouvé sous cette figure un air de noblesse et de bonté qui la caractérisoit ; mais elle n’avoit vu que la cicatrice, que l’œil qui lui manquoit, que son dos voûté, sa perruque et sa jambe traînante.

La première impression étoit reçue, et la triste Caroline, presque évanouie dans son appartement, entendoit à peine les sollicitations de son père pour l’engager à revenir. Elle n’y répondoit que par des torrens de larmes ; enfin elle se trouva si mal qu’il fallut la délacer. Son père voyant qu’il étoit impossible de la ramener, la quitta pour retourner auprès du comte ; il réfléchit même qu’il valoit mieux rentrer seul, et qu’un mal subit survenu à sa fille lui serviroit d’excuse.

Il trouva son gendre futur très-inquiet de la réception qu’on lui avoit faite, et n’en soupçonnant que trop le motif ; mais le grand chambellan avoit une éloquence si persuasive quand il vouloit