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Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/58

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caroline

l’effroi qu’il inspire à l’innocente et jeune Caroline.

Le comte de Walstein n’avoit en effet guère plus de trente ans ; mais une énorme cicatrice qui lui couvroit toute une joue, sa maigreur excessive, son teint jaune et plombé, sa taille voûtée, une perruque au lieu de cheveux, lui donnoient l’air d’en avoir au moins cinquante. Son grand œil noir étoit assez beau ; mais, hélas ! il n’en avoit qu’un : l’autre, caché sous un large ruban noir, étoit sans doute perdu par le coup de feu qu’il avoit reçu. Il étoit né pour être grand et bien taillé ; mais son attitude courbée lui ôtoit cet avantage. Il avoit la jambe belle ; mais cet homme qui devoit danser du matin jusqu’au soir et courir après des papillons, marchoit avec peine en boitant excessivement.

Tel étoit l’extérieur du comte : on verra dans la suite si le moral y répondoit. En voilà bien assez sans doute pour excuser le premier mouvement de notre pauvre fugitive. Peut-être, si