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Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/62

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caroline

saisit avec ardeur cette lueur d’espérance, et fut presque consolée. Mon père est bon, pensa-t-elle ; il m’aime ; il ne veut, dit-il, que mon bonheur. Ah ! s’il veut le bonheur de Caroline, il ne l’unira pas à son monstre qui n’a qu’un œil, qu’une jambe, une bosse et une perruque.

Elle étoit dans l’âge où l’on porte tout à l’extrême, et la douleur et la joie. D’abord elle s’étoit crue perdue sans ressource : à présent elle se crut pour jamais délivrée du comte, et reprit à peu près sa gaîté du matin ; mais encore abattue, elle se coucha, s’endormit en pensant au singulier goût des rois dans le choix de leurs favoris, et protestant bien que, si elle étoit reine, le comte de Walstein ne seroit pas le sien.

Son sommeil fut aussi doux et son réveil aussi tranquille que si rien ne l’avoit agitée. À peine lui restoit-il encore, le lendemain, cette légère impression d’effroi que laisse un songe fâcheux ; et