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Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 1, 1815.djvu/93

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de lichtfield.

me marier sans me consulter ; mais je m’aperçus à temps que mon futur louchoit horriblement, et je n’en voulus plus entendre parler. Il est vrai que j’aimois déjà ton père à la folie, et qu’il n’y a rien de tel que l’amour pour donner du courage. Mon grand système à moi, c’est qu’il faut s’aimer à la passion quand on se marie ; il n’y a que cela qui puisse faire supporter les peines de cet état. Les mariages de passion : voilà les seuls qui soient heureux ; aussi n’en ai-je point voulu faire d’autre, ni entendre parler de mariage après celui de ton père, parce que mon cœur n’étoit plus susceptible que d’une tranquille amitié, qui ne suffit point au bonheur. L’amour, l’amour mutuel, voilà ce qu’il faut en ménage. »

Caroline, embarrassée de son secret, écoutoit en silence et les yeux baissés ce flux de paroles ; et la chanoinesse, qui depuis trois mois n’avoit pas eu l’occasion de parler à son aise, s’en