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caroline

avoir l’âme tranquille pour s’occuper avec quelque suite à quoi que ce soit. Tous les momens où elle étoit chez elle furent employés à relire son cahier et ses lettres, à penser à cette belle Louise, à cette jolie Matilde, au comte, à se perdre dans une foule de réflexions qui n’avoient aucune suite, et qui finissoient ordinairement par un déluge de larmes.

Elle s’est aussi familiarisée avec ce portrait qu’elle ose à présent regarder, qu’elle regarde à chaque instant, et même avec une émotion qui n’est pas sans plaisir. Grand Dieu ! dit-elle quelquefois, si à tant de vertus il joignoit encore cette figure si noble et si touchante, quelle mortelle seroit digne de lui ? Mais le suis-je même à présent ? Ah ! non, sans doute ; et le meilleur des hommes méritoit un cœur tout à lui.

Alors elle s’attendrissoit sur les malheurs du comte, admiroit ses vertus, gémissoit de n’avoir pas eu celle de se