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de lichtfield.

sacrifier pour faire le bonheur d’un être aussi sublime, et regrettoit presque, dans ses momens d’enthousiasme, d’avoir fait partir cette lettre si dure, si cruelle, où elle lui disoit si positivement qu’elle ne pouvoit l’aimer ni le voir. Mais ces regrets duroient peu. Un sentiment plus tendre la ramenoit bientôt à Lindorf. Elle s’étonnoit d’avoir pu s’occuper d’un autre objet, de regretter autre chose que lui. Elle fermoit le portrait, et prenoit le cahier ; c’étoit l’ouvrage de Lindorf ; c’étoit sa main chérie qui l’avoit tracé. Oui ; mais c’étoient encore les vertus et l’éloge du comte ; et cette lecture répétée augmentoit chaque jour et son admiration et ses remords…

Laissons quelque temps l’aimable Caroline réfléchir, s’attendrir, lire alternativement le cahier de Lindorf et les lettres du comte ; et voyons ce que faisoient, pendant ce temps-là, ces deux amis : aussi bien la solitude profonde de Caroline, sa vie monotone, les