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caroline

temps. Il n’étoit pas préparé à lui répondre, et gardoit un morne silence. Le comte se tut aussi ; mais il pressoit les mains de Lindorf, et sa physionomie attendrie, animée, sembloit exiger sa confiance.

Quoi ! lui dit-il enfin, Lindorf, vous ne me dites rien ? Ne suis-je plus votre ami, le dépositaire de vos secrets, de tous les mouvemens de votre cœur ? N’ai-je pas le droit d’y lire ? — Oui, oui, s’écria Lindorf, vous avez sur moi tous les droits imaginables ; oui, vous êtes mon ami, le meilleur des amis. Jamais je ne l’ai senti plus vivement que dans cet instant, où je suis obligé de vous refuser ma confiance. Le comte, surpris, recula quelques pas. Ô mon cher comte ! ne vous éloignez pas de votre ami malheureux ! ne me condamnez pas légèrement ! Oui, je suis forcé de me taire, et vous m’approuveriez si vous connoissiez mes motifs. Lié par l’honneur, par mes sermens, par tout ce qu’il y a de plus sacré, je ne puis