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caroline

Cher et malheureux Lindorf, ah ! combien je vous plains !

Lindorf faillit à le détromper ; mais craignant d’en avoir trop dit, et que le comte ne devinât la vérité, il ne fut pas fâché de lui voir prendre le change, et confirma par son silence cette idée de mort qui détournoit tous les soupçons qu’il auroit pu avoir sur Caroline ; mais il n’en avoit aucun. Jamais il ne lui vint dans l’esprit que sa jeune épouse fût cette femme tant aimée et tant regrettée. Depuis long-temps absent de la Prusse, il ignoroit également, et la situation de Rindaw, et celle du château de Risberg. Il ne savoit pas même alors que Lindorf l’eût habité, et qu’il eût formé là cette connoissance si fatale à son repos. D’ailleurs, il savoit que son épouse étoit vivante, se portoit bien, et il demeura persuadé que quelque événement tragique avoit privé de la vie l’amante de Lindorf. Le sombre désespoir où celui-ci demeura quelque temps après cette