vous raconter en détail ma triste histoire ; c’est une consolation pour moi de vous ouvrir mon cœur. Puissé-je vous voir convaincu, ainsi que je commence à l’être, que c’est dans l’amitié seule que nous devons chercher notre bonheur.
Alors il commença cette cruelle confidence, que Lindorf prévoyoit et redoutoit au-delà de toute expression, ce récit, qui confirmoit son malheur, ses remords, et qui déchiroit son âme. Quelle impression dut faire sur cette âme agitée le nom de Caroline répété à chaque instant, ce nom si bien gravé dans son cœur, et qu’il devoit avoir l’air d’ignorer ! Ah ! si Lindorf eut des torts, s’il fut la cause involontaire des malheurs du meilleur des hommes, ce qu’il souffroit dans cet instant suffit pour les expier et pour intéresser tout lecteur sensible à sa situation. Le comte prit son récit du plus loin. Il lui raconta que c’étoit le roi qui, sur les grands biens de Caroline, avoit eu l’idée de