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caroline

ce mariage, et lui en avoit écrit en Russie. Ce motif, dit le comte à son ami, et même la volonté du roi, qui paroissoit désirer vivement cette union, influèrent moins sur ma décision que l’âge et le genre d’éducation de celle qu’on me destinoit. Caroline de Lichtfield, sortie à peine de l’enfance, élevée à la campagne et dans la plus grande retraite, n’ayant jamais vu d’homme qui pût faire impression sur son cœur, me parut remplir parfaitement ce que je désirois depuis long-temps. Vous connoissez mon système ; c’étoit sur cette ignorance du monde et de l’amour qu’il étoit fondé. Je saurai bien, me disois-je, pénétrer dans ce jeune cœur, et me l’attacher, sinon par l’amour, du moins par une amitié si vive, une reconnoissance si tendre, qu’elles pourront m’en tenir lieu. Le premier moment sera contre moi ; mais tous ceux qui le suivront assureront notre bonheur mutuel. Pleine de cette douce idée, je répondis au roi avec transport, en lui