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caroline

trop avec elle-même. Son cœur étoit combattu, son âme oppressée, mais d’une manière moins douloureuse, et lorsqu’elle eut joint son amie, ce fut sans trop de peine qu’elle la prévint sur la confidence qu’elle avoit à lui faire ; et véritablement il falloit la prévenir. Ses idées étoient si loin de ce qu’elle alloit apprendre… Caroline, sa Caroline mariée depuis plus de deux ans sans qu’elle s’en doutât, étoit un événement si singulier, si inattendu, que tous ses romans ne lui en avoient pas offert un pareil, et qu’elle pouvoit en mourir de surprise.

Ce fut donc après quelques préparations et les plus tendres caresses, que son élève lui apprit enfin ce grand secret, et les raisons qu’on avoit eues de le garder. Lorsque la bonne chanoinesse eut exhalé tout à son aise sa surprise, sa colère, ses reproches ; lorsqu’elle se fut tour à tour attendrie et fâchée ; qu’elle eut bien grondé et bien pleuré ; lorsqu’elle eut répété cent fois