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Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 2, 1815.djvu/228

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caroline

victime ? Dieu, prenez ma vie, et sauvez la sienne. Il acheva cette lettre cruelle, dont chaque mot enfonçoit le poignard dans son cœur. Que ne l’ai-je reçue plus tôt ! elle seroit libre, heureuse, et je n’aurois pas à trembler pour ses jours !

Quand il eut un peu calmé l’extrême agitation où cette lecture l’avoit mis, il rentra dans la chambre de Caroline, avec l’espoir que des vœux si ardens et si sincères seroient exaucés, que cet objet adoré lui seroit rendu, qu’il pourroit assurer pour jamais son bonheur. Mais quel spectacle s’offre à ses yeux ! La chanoinesse, impatiente de ce que le comte ne venoit point, s’étoit fait conduire dans la chambre de la malade. Elle ne pouvoit la voir ; mais, assise à côté de son lit, elle tenoit une de ses mains, et la conjuroit de lui marquer, soit en lui serrant la sienne, soit en lui disant un mot, qu’elle la reconnoissoit.

Caroline, foible, inanimée, paroissant environnée des ombres de la mort,