Aller au contenu

Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 2, 1815.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
de lichtfield.

collant sa bouche sur une de ses mains, âme pure, âme céleste, tu ne sauras donc jamais combien tu fus adorée de ce cruel époux qui t’a conduite au tombeau ! Tu meurs sans lui pardonner, sans savoir que tu pouvois encore être heureuse !… Et toi, malheureux Lindorf… où es-tu pendant que ta Caroline expire ? Tu l’aurois rendue à la vie ; et même, en te la donnant, je t’aurois dû plus que la mienne…

Dans d’autres momens, absorbé dans sa douleur, au point d’en perdre presque la raison, il n’avoit aucune idée distincte ; il se levoit, se promenoit dans la chambre avec égarement ; puis, tout à coup se reprochant comme un crime de s’éloigner d’elle une minute, craignant de perdre son dernier soupir, il se rapprochoit avec impétuosité… C’est ainsi que s’écoula la plus cruelle des nuits ; et, malgré tout ce que le comte avoit souffert, elle lui parut bien courte. Les premiers rayons de l’aurore alloient sans doute annoncer cet affreux mo-