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caroline

lasser d’un attachement qui lui avoit été si funeste ?…

Ces réflexions n’échappoient pas à Caroline ; d’autres encore s’y joignoient et la retenoient. Comment oser dire, la première, au comte qu’elle l’adore, lorsqu’elle doute qu’elle soit aimée, et que ce doute augmente chaque jour ?… La conduite actuelle du comte démentoit absolument celle qu’il avoit eue pendant sa maladie ; elle ne savoit plus comment expliquer ni l’une ni l’autre ?… S’il ne m’aime pas, pensoit-elle sans cesse, d’où venoit cette crainte mortelle de me perdre, ce désespoir qui faillit lui coûter la vie ? Pourquoi ces transports si doux, si touchans quand je lui fus rendue ?… Je vois encore ces larmes de joie ; j’entends encore ces expressions si vives et si tendres, que l’amour seul peut dicter… Oui, mais pourquoi ne les prononce-t-il plus ? Pourquoi, depuis que je pourrois si bien l’entendre et lui répondre, semble-t-il éviter de me parler, d’être