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caroline

l’éloigner, et qui lui rappeloit une erreur qu’elle se reprochoit excessivement. Ce que le comte lui avoit dit du prochain retour de son ami l’alarmoit aussi. Elle n’en pouvoit comprendre le motif ; mais, quel qu’il fût, il seroit également affreux pour elle et pour lui de la retrouver à Ronebourg. Elle ignoroit à quel point le comte étoit instruit. Jamais le nom de Lindorf ne sortoit de sa bouche ; il gardoit également le plus profond silence sur lui-même ; il ne lui parloit ni de la lettre qu’il lui avoit écrite, ni de sa réponse, ni de ses projets de voyage, ni du séjour où Caroline devoit habiter dans la suite, de rien enfin de ce qui les regardoit.

Sans cesse occupé de ce qui pouvoit l’amuser et lui plaire, ses soins étoient ceux de l’amour, et son langage celui de l’indifférence. Quelquefois, lorsqu’il lui faisoit une lecture intéressante ou qu’il jouoit sur sa flûte quelque chose d’expressif, ils s’attendrissoient tous les deux jusqu’aux larmes. Dès que le