comte voyoit couler celles de Caroline, il se hâtoit de sortir, de se dérober à une émotion dont il n’eût pas été le maître. Il alloit ou s’enfoncer dans l’endroit le plus solitaire du parc, ou s’enfermer dans son cabinet, et là il donnoit un libre essor à sa douleur et aux sentimens qui l’oppressoient.
Heureux Lindorf ! disoit-il, sentiras-tu tout le prix de ton bonheur et du sacrifice que je te fais ? Viens les essuyer ces larmes que ton souvenir fait sans doute couler ; qu’avant d’expirer je voie Caroline heureuse.
Il se reprochoit alors de lui laisser ignorer si long-temps le sort qu’il lui préparoit, de ne pas lui dire : Lindorf, ce Lindorf tant aimé, tant regretté, sera votre époux. Mais pouvoit-il lui donner ce doux espoir avant d’être sûr qu’il seroit réalisé ? Lindorf n’écrivoit point… Si la mort n’avoit épargné Caroline que pour frapper son amant… si Lindorf n’existoit plus… Le sang se glaçoit dans les veines du comte. Dieu,