Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 2, 1815.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
de lichtfield.

moi, et de moi seul, de les séparer ou de les unir pour toujours. Ô ma chère Matilde, combien la raison et la vertu sont foibles quand le cœur parle et commande ! Imaginez que moi, que votre frère balance encore sur le parti qu’il prendra. Je vous l’ai dit, ma chère amie, j’ai besoin d’être soutenu par votre amitié, par votre fermeté, et peut-être par votre exemple. Dites, que feriez-vous à ma place ? Et, pour mieux décider, pour vous pénétrer davantage de ma situation, supposez que vous y êtes vous-même ; que c’est Lindorf qui aime, qui est aimé, dont le sort est entre mes mains, à qui je puis enlever ou céder l’objet de ma passion et de la sienne. Ah ! j’entends déjà l’arrêt que vous allez prononcer. Je vois ma chère, ma sensible Matilde, me donner l’exemple du courage et de la générosité ; m’assurer qu’elle ne veut point d’un bonheur dont elle jouiroit seule, et qui coûteroit des