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malgré lui, plus il enfonçoit le trait dans son cœur. Combien de fois auprès de Caroline, ne pouvant plus résister à tout ce qu’il éprouvoit, fut-il sur le point de tomber à ses pieds, de lui faire l’aveu de son amour, de ses combats, de son désespoir, de réclamer sa générosité, de lui rappeler le nœud sacré qui les unissoit, et les sermens qu’elle avoit prononcés, de tout employer enfin pour obtenir d’elle de les confirmer, et de se donner à l’époux qui l’adoroit ! La fuite seule pouvoit alors le rappeler à lui-même : éloigné d’elle, la vertu, la délicatesse, l’amitié reprenoient bientôt leur empire sur son âme.

Il relisoit alors les trois lettres qu’il avoit reçues d’elle, qui toutes exprimoient le même éloignement pour lui, celle surtout où elle lui parloit avec une si noble franchise, en lui avouant son désir de voir leurs nœuds brisés, et presque celui d’être libre de s’unir à Lindorf. Sans doute à présent elle s’immoleroit à ses devoirs, à sa reconnois-