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de lichtfield.

» Elle me quitta. Je restai seul avec son père. Je lui parlai d’abord de mes recrues ; j’en avois la liste, que je lui lus. Au nom de Justin, je vis la joie se répandre sur sa physionomie. — Comment, dit-il, ce coquin s’est engagé ? Que le ciel en soit loué ; nous en voilà débarrassés ! — Comment, Johanes ! ce coquin ? Mais je ne veux point d’un coquin dans ma compagnie, et je vais lui rendre son engagement. — Gardez-vous-en bien, monseigneur, avec le respect que je vous dois. Quand je dis coquin, ce n’est pas que ce ne soit le plus honnête garçon du village, et brave comme le roi : ça vous tue un loup comme rien ; jugez ce qu’il fera d’un homme. Vous n’aurez pas un meilleur soldat ; mais s’il faut tout vous dire, ajouta-t-il en baissant la voix, ne s’étoit-il pas mis dans la tête d’être amoureux de ma Louise, et la petite sotte ne vouloit-elle pas l’épouser bon gré mal gré ! un garçon qui n’a pas le sou, élevé par charité ! J’aurois mieux aimé, je crois,