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caroline

projet. Et le vôtre, mon cher Lindorf, où en est-il ? Pourrai-je bientôt vous appeler mon frère ?

» J’étois trop vrai pour cacher au comte que je n’en étois encore qu’à la tranquille amitié ; mais certainement, lui disois-je, mon cœur épuisé n’est plus capable d’aimer autrement… (Ah, Caroline, combien je m’abusois !) et puisque la charmante Matilde ne le ranime pas, c’est fini pour la vie. Dans quelle erreur vous êtes ! me répondit-il : à vingt-trois ans vous vous croyez blasé sur l’amour ; et vous ne le connoissez pas encore ! Votre passion pour Louise étoit plutôt une effervescence des sens qu’un véritable sentiment. Son excès même en étoit la preuve, et je n’en veux pas d’autre que l’enlèvement que vous méditiez. Mon ami, quand un amant préfère son propre bonheur, son propre intérêt à celui de l’objet aimé, croyez que son cœur est foiblement touché. Je souhaite que ce soit ma sœur qui vous fasse sentir la différence