me permit, en rougissant beaucoup, de parler à sa tante, et de tâcher de la faire entrer dans les idées de son frère.
» Je crus cependant devoir attendre, pour cette démarche, que le comte m’eût prévenu, et lui eût écrit comme il me l’avoit promis. Je le dis à Matilde, qui l’approuva, et qui ne craignit plus de m’avouer un penchant autorisé par son frère.
» Je continuai donc à venir tous les jours chez la baronne de Zastrow, et à lui faire une cour assidue, qui me réussissoit peu. Depuis le départ de son neveu, elle avoit entièrement changé de conduite avec moi. Toujours polie, mais très-froide, elle affectoit de me recevoir avec la plus grande cérémonie, et prenoit si bien ses mesures, que je ne pouvois dire un seul mot à Matilde en particulier.
» Ces obstacles, ces contrariétés, devoient sans doute augmenter mon amour. J’en avois du moins un dépit