Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 3, 1815.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
caroline

m’attira toute sa confiance. Il s’inclina ; et d’un ton suffisant qu’il vouloit rendre modeste, il me répondit : « Il est vrai, monsieur, que l’on m’a dit cela quelquefois, et même que l’on me l’a prouvé ; mais vous voyez cependant que les goûts sont différens. Les femmes en ont quelquefois de si bizarres ! peut-on répondre de leurs caprices ? Imaginez que celle que je poursuis s’avise, à seize ans, de se piquer d’une fidélité romanesque pour un amant qui l’a quittée et qu’elle ne reverra jamais. Je ne le connois pas, mais je crois qu’on peut le valoir pour les agrémens ; et quant à la fortune et à la naissance, assurément je ne le cède à personne. — Je le crois, monsieur ; mais, si votre rival est aimé, vous conviendrez que cet avantage. — Aimé tant qu’il lui plaira ; il est absent ; il ne la verra plus. Si je puis la rattraper, elle est à moi, et finira par m’adorer.

Cette conversation se passoit devant la porte de la maison de poste ; et