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de lichtfield.

m’étonnant de la facilité avec laquelle cet homme indiscret et vain s’ouvroit à un inconnu, et de son manque total de délicatesse, j’approuvois intérieurement celle qui le fuyoit, lorsqu’une chaise arrivant au grand galop du côté de Dresde, nous interrompit. Il parut n’avoir d’abord aucun soupçon, et la seule curiosité l’engageoit à regarder. La chaise arrête ; une femme avance la tête. Je ne fis alors que l’entrevoir et ne la reconnus point ; mais mon homme s’écrie à l’instant : C’est elle ! Elle se rejette au fond de la chaise en criant à son tour : Mon Dieu, c’est lui ! Une femme de chambre disoit au postillon d’avancer ; Zastrow, la canne levée, menaçoit de l’assommer s’il faisoit un pas de plus.

Je balançai un instant sur ce que je devois faire. L’espèce de confidence de l’étranger sembloit devoir me lier à ses intérêts, et j’en sentois un bien plus vif pour cette jeune infortunée qu’on marioit contre son gré. Je pouvois au