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caroline

vous avez formé, et j’ose croire que vous en serez satisfait. Le comte se prépara à l’écouter avec la plus grande attention, et Lindorf commença.

Puisque vous avez lu mon cahier, mon cher comte, vous êtes instruit de l’époque et des détails de ma connoissance avec Caroline, et des sentimens qu’elle m’inspira. Je ne chercherai point à les justifier, vous savez s’il étoit possible de la voir avec indifférence ; j’atteste cependant le ciel que, malgré tous ses charmes, elle eût été sans danger pour moi, si j’avois eu le moindre soupçon des liens qui vous unissoient. Mais tout concouroit à me laisser dans l’erreur. Votre silence, l’âge de Caroline à peine sortie de l’enfance, le nom qu’elle portoit, la bonne chanoinesse qui me témoignoit ouvertement le plus vif désir de m’unir à son élève ; tout enfin m’assuroit qu’elle étoit libre, et qu’en osant l’adorer… Ô mon ami ! pourquoi votre fatale discrétion !… Mais passons sur ces temps où, coupable sans le