Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 3, 1815.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
de lichtfield.

doute il doit recevoir sa main ; il a déjà son cœur. Toutes ces idées m’occupèrent, et pendant le reste du dîner, et pendant le spectacle, où je fus entraîné malgré moi. J’aurois voulu pouvoir parler tout de suite à Manteul, pénétrer dans son cœur ; je me reprochois d’avoir évité ses confidences ; je craignois d’avoir manqué le moment ; enfin j’étois agité au point que, ne pouvant rester plus long-temps au spectacle, que je ne regardois ni n’écoutois, je pris le parti de le quitter, et de rentrer chez moi, où j’attendis Manteul avec une impatience dont je ne pouvois me rendre raison à moi-même.

Il ne tarda pas à rentrer ; ma prompte sortie du spectacle l’avoit alarmé. À peine lui donnai-je le temps de me le dire ; je lui demandai tout de suite si cette Matilde de Walstein dont il avoit porté la santé, sœur du comte de Walstein, ambassadeur en Russie, étoit celle qu’il aimoit ? — Oui, sans doute, me répondit-il avec feu ; c’est elle-même ;