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de lichtfield.

ou nuançoient des soies pour une bourse, une veste, un porte-feuille, etc., qu’elle lui destinoit. Toujours occupée de lui et des moyens de lui plaire, toutes ses actions étoient relatives à cet unique objet : elle sembloit n’exister que pour lui. À chaque instant, elle trouvoit des prétextes pour passer dans son appartement, ou pour l’attirer dans le sien ; et quoiqu’elle ne vît et ne voulût voir que lui seul et le chambellan, qui soupoit chez eux presque tous les soirs, elle n’avoit jamais l’air d’éprouver un moment d’ennui : au contraire, elle se refusoit aux sollicitations de son père pour se faire présenter à la cour, paroissoit désirer de prolonger le temps de sa retraite, et disoit, en regardant le comte avec timidité, qu’elle n’avoit jamais été plus heureuse.

Malgré tant de preuves d’un amour qu’elle ne cherchoit point à dissimuler, le comte résistoit encore aux charmes dont il étoit environné, et au doux espoir qui s’insinuoit dans son cœur.