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caroline

Il le repoussoit avec effroi, et trembloit de s’y livrer. Combien de fois il s’arracha d’auprès d’elle avec un effort douloureux !

Non, disoit-il, non, c’est impossible, je ne puis être aimé. Cette âme aimante et sensible, cette femme adorable sait donner à l’amitié… que dis-je ? peut-être à la simple reconnoissance, l’expression même de l’amour : ou bien n’est-ce point le souvenir de Lindorf qui l’anime ? Sans doute, c’est à lui qu’elle adresse secrètement ces attentions si touchantes, ces mots si tendres, ces regards si doux dont je ne puis être l’objet. Ne sais-je pas qu’elle aime Lindorf, qu’elle doit l’aimer ?… Cependant, s’il étoit vrai ? si c’étoit moi ?… si cette cruelle résolution qui me tue, me rendoit le plus ingrat des hommes ?… si cette félicité suprême que j’ose réserver à un autre, m’étoit destinée par son cœur ? si ce cœur étoit à moi ?… Ah ! Caroline, Caroline !… Mais puis-je chercher à le pénétrer ce cœur sans la