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caroline

eu dans son délire, la cruauté d’en exiger le sacrifice.

Non, il ne la reverra point ; il ne peut, il ne doit pas la revoir. Il trouvera dans sa vertu le courage de la fuir, de lui rendre sa liberté ; mais il n’a pas celui de lui faire un éternel adieu, de résister à un seul de ses regards, dont il n’avoit que trop éprouvé le danger. Il rentra donc chez lui, et passa quelques heures dans l’agitation la plus cruelle, ne sachant à quel parti s’arrêter, ni qui l’emporteroit de l’amour ou de la générosité, de lui-même ou de Lindorf.

Il écrivit dix lettres à Caroline. Dans l’une il réclamoit ses droits, et s’efforçoit de l’attendrir en sa faveur ; un instant après, détestant cette tyrannie, il la déchiroit et en recommençoit une nouvelle, où il lui faisoit un éternel adieu sans lui parler de ses sentimens. Quoi, disoit-il en la déchirant encore, elle ne sauroit pas même que je l’adore, et je mourrois loin d’elle sans exciter seule-