Page:Montolieu - Caroline de Lichtfield, tome 3, 1815.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
caroline

Il en vint même à regretter de ne l’avoir pas exécuté dès son arrivée à Berlin, et de s’être laissé entraîner au plaisir de vivre avec Caroline. Depuis long-temps, pensoit-il, elle seroit heureuse et tranquille, et j’aurois peut-être été moins malheureux. Je n’aurois pas connu ce charme enchanteur répandu dans ses moindres actions, cette amitié si séduisante, si dangereuse que j’osois prendre pour de l’amour, et qui pourroit m’en tenir lieu si j’ignorois qu’elle aime ailleurs et qu’elle gémit en secret. Elle gémit, elle… Caroline, celle pour qui je donnerois mille vies ; et j’hésite à lui sacrifier mon bonheur !

Cette idée lui rendit tout son courage ; il lui écrivit, ou plutôt il commença la lettre qu’il vouloit achever, lorsqu’il auroit obtenir le divorce.

Il écrivit ensuite au chambellan pour motiver cet événement de manière qu’il ne pût l’imputer à sa fille ni à Lindorf, qui devoit naturellement arriver au premier jour. Il mit ces lettres