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caroline

pleuré et baisé sa miniature, elle se mit dans son lit plus calme et plus tranquille. Il m’aime, pensa-t-elle, cela n’est pas douteux ; mais sans doute il ne se croit pas aimé. Il se rappelle cette répugnance que je lui témoignai si durement le jour de notre mariage ; peut-être pense-t-il qu’elle subsiste encore. Oh ! comme je le détromperai ! comme je vais le faire lire dans mon cœur, lui prouver que ce cœur est bien changé. Dès demain, il saura positivement qu’il est tout à lui ; je lui dirai tout le jour que je l’aime, que je l’adore, et nous verrons le soir s’il me quittera d’abord après souper.

Cette résolution la tranquillisa tout-à-fait. Elle s’endormit paisiblement, fit les songes les plus agréables, se réveilla avec la joie la plus pure, et persista plus que jamais dans son projet de la veille. Elle ne trouve plus dans son cœur ni crainte ni défiance d’elle-même. Son époux l’aime ; elle en est sûre : ses doutes et le souvenir du passé,