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de lichtfield.

lui donnent encore cette réserve qu’elle ne peut plus supporter et qu’un mot va détruire. Elle va lui dire, lui répéter mille fois, qu’il est l’unique objet de sa tendresse, de tous les sentimens de son cœur ; et ce cœur si naïf et si tendre ne peut contenir ses transports en pensant qu’elle n’aura plus de secrets pour cet homme adoré, pour cet ami généreux, à qui elle doit une vie qu’elle veut consacrer à son bonheur.

Caroline étoit timide comme on l’est à dix-sept ans, quand on a toujours vécu dans la retraite ; le comte surtout lui imposoit, sans quoi elle n’eût pas attendu jusqu’alors à lui parler clairement. À présent même qu’elle y est décidée, elle ne sait comment s’y prendre, et plus le moment approche, plus son émotion et son embarras redoublent. Oh ! combien elle regrettoit sa bonne maman ! Depuis long-temps elle eût été l’interprète et le garant de ses sentimens. Comment les dévoiler elle-même ?