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de lichtfield.

mande d’une voix tremblante où est M. le comte. Le laquais paroît surpris de cette question. — Je croyois que madame la comtesse savoit… — Quoi donc ? — Que M. le comte est parti de grand matin. Wilhelm, son valet de chambre, a veillé toute la nuit pour faire ses malles. Il m’a chargé de les faire partir à ses ordres. Il ignoroit où M. le comte veut aller ; mais il croit que c’est en Angleterre. — Ah ! Dieu ! il suffit, laissez-moi.

Le laquais sort ; Caroline tombe sur le premier siége qui se présente, et, pour la seconde fois de sa vie, éprouve toute la douleur, tous les déchiremens de l’amour au désespoir ; pour la seconde fois, elle voit celui qu’elle aime la fuir, l’abandonner, s’éloigner d’elle. Mais quelle différence, et combien actuellement elle se trouve plus à plaindre ! Lorsqu’à Rindaw, Lindorf se sépara d’elle, ce fut presque de son aveu. Le premier moment fut cruel, mais bientôt la vertu reprit son empire ; et l’orgueil