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caroline

de s’interrompre, et, retombant aux genoux de Caroline, il lui disoit d’une voix étouffée : Ah ! c’est Lindorf qui mérite d’être aimé. Caroline lui fermoit la bouche de sa jolie main, et le forçoit à reprendre sa lecture.

Il passa rapidement sur les événemens qu’il connoissoit déjà ; mais, à l’époque de la connoissance de Lindorf avec Caroline, son âme entière étoit attachée sur le papier. Il dévoroit chaque phrase, chaque syllabe ; il lisoit des yeux seulement : une telle lecture ne pouvoit se faire à haute voix ; mais Caroline, les regards attachés sur lui, ne le perdoit pas de vue, et cherchoit à découvrir les sentimens divers qui l’agitoient.

Quand il eut fini, il lui rendit le cahier avec l’air le plus pénétré. Je le vois, dit-il, j’ai une épouse et un ami comme il n’en fut jamais ; ils se sont sacrifiés pour moi, pour mon bonheur… Ah ! Caroline, pourquoi m’avez-vous forcé à lire ce cahier ? Pour-