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de lichtfield.

quoi ne pas me laisser la douce illusion que vous veniez de me donner ? — Une illusion ! reprit-elle ; ingrat, quel nom vous donnez au sentiment le plus vrai ! oubliez-vous que ce portrait est le vôtre ? Ce mot, prononcé avec l’accent le plus touchant, le plus persuasif, rendit au comte sa confiance et son bonheur. À présent, lui dit-elle, que vous avez eu la complaisance de lire votre histoire et celle de Lindorf, laissez-moi vous faire celle de mon cœur.

Alors elle raconta en détail tout ce qui s’étoit passé dans ce cœur depuis l’instant qu’elle fut unie au comte. Et l’innocence avec laquelle elle crut aimer Lindorf comme un frère, et son effroi lorsqu’elle crut l’aimer comme un amant, et la scène du jardin, et celle du pavillon, et sa douleur, et ses larmes, et ses regrets, et ses combats : rien ne fut oublié.

Elle lui raconta ensuite comment, entraînée d’abord par l’estime, l’admiration et la lecture de ses lettres à Lin-