Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
ANGLAIS — FRANÇAIS

surface aussitôt généralisées. On peut entreprendre cette longue recherche, à la condition d’avoir sous la main les éléments voulus. Or, nous ne les avons pas. Le type anglo-saxon que le sort nous a donné pour voisin est, comme le nôtre, éloigné de ses origines et plongé dans des horizons nouveaux où il est fort possible qu’il modifie ses traits essentiels. Mais le portrait de « l’Anglais de Londres », comme nous disons, une fois brossé et placé devant nous, il suffira d’en rapprocher celui de « l’Anglais colonial » que nous rencontrons chaque jour, pour juger de sa fidélité ou pour reconnaître son hérédité accentuée. L’aventure vaut d’être tentée.

Il nous faut donc un guide. Le hasard d’un voyage en France m’en a fourni un, très au courant des choses d’Angleterre et de France, d’une fréquentation agréable et d’une prudente sagacité. Ses jugements qui paraissent arrêtés, trop portés au parallélisme, sont corrigés par un sens des nuances qui nous livre surtout les « dominantes » et atténue les chances d’erreur. Je les ai appliqués plusieurs fois, avec la satisfaction d’en éprouver la vérité, aux Anglo-Canadiens, voire aux Américains, qui ont plus évolué. Il s’agit de Salvador de Madariaga. Espagnol, il fit ses études en France, devint professeur à Oxford et finit par passer à la Société des Nations. Voilà pour le moins des titres à l’autorité. Son livre : Anglais, Français, Espagnols, paru en 1930, campe ces trois types d’hommes dans leurs gestes instinctifs. Laissons, à regret, tomber l’Espagnol dont l’individualisme de passion nous inspirerait d’utiles réflexions, pour nous en tenir à l’Anglais et au Français.