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LE FRONT CONTRE LA VITRE

Le langage de Madariaga, surtout dans la première partie qui fait office de théorie, prend, sans excès, une teinte scientifique. Il écarte toute affirmation hâtive et corrige, parfois à notre étonnement, des opinions courantes, sur l’hypocrisie de l’Anglais, par exemple, ou la furia francese. Nous sommes donc au-dessus des boutades, comme celles de Rivarol : « l’Anglais a deux mains gauches » ; où celle, plus cynique, du Pringle, de Chesterton :

Oh how I love my fellow-man
With love both pure and Pringlish,
But how I hate those horrid French
Because they are not English.


Avant de m’engager, à la suite de Madariaga, dans l’analyse objective des Anglais et des Français, je transcris une page de Louis Cazamian, un des psychologues de France qui ont le plus pratiqué l’âme nue de l’Angleterre. Ce n’est pas un hors-d’œuvre, mais une préparation, une « invitation » à un voyage plus poussé. Dans cette page, d’ailleurs, on retrouve notre propre sentiment à l’égard de l’Anglais, tel que nous aurions cherché à l’exprimer ; en sorte qu’elle va nous servir de point de départ naturel, si je puis dire, vers une connaissance plus ferme et de fructueuses désillusions :

« Nous les regardons passer. On les reconnaît presque toujours au premier coup d’œil : corps maigres et osseux, têtes longues aux énergiques mâchoires : un air de froideur où nous lisons comme un orgueil engourdi…