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LE FRONT CONTRE LA VITRE

pose à l’esprit anglais l’irrésistible argument d’un fait. Plus la partie sera prenante, plus elle aura chance de conquérir l’unanimité.

N’est-ce pas ce qui importe, après tout ? De la diversité des caractères — celui de l’Anglais sûrement maintenu ; le nôtre, adapté — naîtra l’union, faite de l’inestimable rencontre de deux cultures où l’esprit atténuera la sécheresse de l’action.

C’est la conclusion de Madariaga, que je serais tenté de remercier de l’accord que son livre propose à nos énergies. Elles seraient dès lors libérées de préjugés, et ramenées à leurs résistances essentielles pour le mutuel enrichissement de l’histoire :

« Comment imposer un caractère national à un autre ? Par la conquête ? Elle est aussi dangereuse pour le caractère national du vainqueur, qu’inefficace pour assimiler le caractère national du vaincu. Par l’instruction ? Il est possible par l’instruction de transformer un poulain sauvage en un excellent cheval de trait ou de selle, mais ni l’instruction ni l’éducation ne pourront transformer un poulain en un chien de chasse. Alors comment pourrait-on faire cette unification ?

« La réponse est simple. La variété admirable dont le monde fait preuve est une des manifestations de la richesse spirituelle de la création. Comme don, les hommes doivent au Créateur de le respecter ; comme spectacle, ils se doivent à eux-mêmes d’en jouir avec intelligence. »

Puisse le Canada lui donner raison !