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LE FRONT CONTRE LA VITRE

eu recours au roman social, cousin du théâtre-conférence où des auteurs contemporains ont déployé le même esprit d’apostolat. À travers un récit souvent naïf, toujours sincère et tout imprégné de patriotisme, la pensée de Gérin-Lajoie se déploie logiquement dans les deux volumes que leur titre éclaire déjà : Jean Rivard, défricheur ; Jean Rivard, économiste. Histoire d’un colon qui a merveilleusement réussi ; histoire vraie, affirme l’auteur dès la première page ; histoire écrite au risque de provoquer l’incrédulité, ajoute-t-il en dernière ligne, et où des notes documentaires apportent, en marge, des justifications de détail. En vérité Jean Rivard éprouve bien peu de déboires ; il a trop de qualités pour un seul homme ; il a été bâti en rêve et on a raison de nous avertir qu’il fut aimé des fées. Il n’importe, car il suffit qu’un tel homme puisse être, qu’il agisse juste, et surtout qu’il se détache comme un type éminemment désirable.




Jean Rivard, fils d’un cultivateur de Grand-Pré, a, comme tout le monde, commencé ses études classiques. Il touche la rhétorique lorsque son père meurt, lui laissant, avec cinquante louis, la responsabilité d’une famille. Demain l’inquiète. Que faire d’un rhétoricien à moins qu’il ne songe ? « Il avait dix-neuf ans ; la pensée de son avenir devait l’occuper sérieusement, écrit Gérin-Lajoie. Ne pouvant s’attendre à recevoir de personne autre chose que des conseils, il lui fallait, pour faire son chemin dans la