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À LA MAISON DE L’ANCÊTRE

vie, se reposer uniquement sur ses propres efforts. Or, disons-le à regret, l’instruction qu’il avait acquise, bien qu’elle eût développé ses facultés intellectuelles, ne lui assurait aucun moyen de subsistance. Il pouvait, à la rigueur, en sacrifiant son petit patrimoine, terminer son cours d’études classiques — et c’est ce que désiraient sa mère et ses autres parents — mais il se disait, avec raison, que si sa vocation au sacerdoce n’était pas bien prononcée il se trouverait après son cours dans une situation aussi précaire que s’il n’eut jamais connu les premières lettres de l’alphabet. »

Voilà, pour le point d’où la course s’engage, un poteau indicateur qui ne manque pas de majuscules. Nous n’avons pas à reprendre les raisons qui expliquent la défaillance de Jean Rivard : il reste vrai que l’enseignement classique ne procure pas au jeune homme un moyen immédiat de gagner sa vie, mais qu’il lui donne une culture générale en vue de la vie. On peut se demander toutefois si ce caractère doit l’emporter au point que l’on n’ait d’autre volonté que de le maintenir intact, sans s’inquiéter de ceux qu’un philosophe, sans doute trop optimiste, appelle les « déchets nécessaires ». Nous ne vivons pas sur la planète Mars, mais au sein d’une concurrence qui s’exerce sur notre terrain même et qui utilise nos propres ressources. Avons-nous le droit de jeter dans la mêlée un soldat moins bien armé quand, sans toucher au cours classique et en restant fidèle à nos traditions françaises, nous pouvons, par un simple déplacement des matières enseignées, que plusieurs de nos collèges ont entrepris fort à propos, pré-